Les 3500 tiers-lieux font partie des grands perdants de ce projet de loi de finances. Seuls 2,5 millions d'euros sont prévus pour accompagner ce mouvement qui ne cesse de croitre, en métropole et en outre-mer, dont un tiers en zone rurale.
Le gouvernement a-t-il réellement mesuré le coût humain et économique à court et long terme, de la fermeture de nos lieux, de la diminution drastique des activités qui font les liens sociaux du quotidien, et de la fin des projets qui œuvrent à la résilience de nos territoires face aux crises écologiques, sociales, démocratiques et économiques ? 75% des élus répondant à une enquête menée avec les associations d’élus valorisent le rôle des tiers-lieux dans la lutte contre l’isolement et le renforcement du lien social.
Ce que dit ce projet de loi de finances, à nous, bénévoles, salarié.e.s, contributeur.ice.s des tiers-lieux, c’est que créer du lien intergénérationnel pour prendre soin de nos anciens, c’est inutile. Faciliter la relocalisation de savoir-faire artisanaux et former les jeunes en situation de décrochage par la pédagogie du faire, c’est inutile. Proposer des actions culturelles au plus près des habitant.e.s des territoires ruraux, c’est inutile. Rendre accessible une alimentation saine et durable, des commerces de proximité, c’est inutile. Créer de la transversalité entre acteurs, c’est inutile. Lutter contre l’exclusion numérique, c’est inutile. Aider des porteurs de projet écologiques et solidaires à démarrer leur activité, c’est inutile.
La liste est très longue de l’engagement des tiers-lieux dans des activités d’intérêt général et d’utilité sociale, en hyper-proximité, en coopération avec les acteurs territoriaux, et à l’initiative de collectifs citoyens.
Si nous maillons le territoire, dans les quartiers prioritaires de la ville, dans les zones de revitalisation rurale, si nous renforçons depuis plusieurs années notre structuration et nos capacités d’action en réseaux, c’est en grande partie grâce à la politique publique de soutien aux tiers-lieux menée par l’Etat, et son effet d’entraînement sur l’implication des collectivités territoriales. L’arrêter alors qu’elle commence à porter ses fruits serait du gâchis d’argent public. Cela couperait la dynamique de nos 25 000 salarié.e.s et contributeur.ices, 380 000 bénévoles, qui accueillent tous les ans 13 millions de spectacteur.rices, 380 000 personnes en formation, et qui, pour plus de la moitié des tiers-lieux, reçoivent quotidiennement des personnes en situation de très grande précarité.
Nous nous indignons également de la baisse des crédits sur la transition écologique, la culture, l’ESS pour ne citer qu’eux, et des économies de 5 milliards demandées aux collectivités territoriales, qui vont impacter l’ensemble du mouvement associatif et de l’économie sociale et solidaire, ainsi que les tiers-lieux. La double peine.
Parce que la solidarité et la coopération ne sont pas des coûts, parce que le soutien aux initiatives citoyennes qui répondent aux besoins des habitants est un investissement de long terme, nous, représentant.e.s de tiers-lieux, demandons que les crédits accordés à la politique publique Tiers-lieux soient maintenus dans le PLF 2025 à hauteur des crédits autorisés en 2024, soit 13 millions €.
crédit photo: Faire Festival 2024, RoseLab - La Cité - RFFLabs, Alexandre Rousselet
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